Né en 1840 à Narbonne, Henry Cros était un véritable polymathe de l’art, explorant une multitude de médiums et de techniques pour donner vie à sa vision romantique et médiéviste.
On peut voir en ce moment une modeste exposition de plusieurs sculptures, bas reliefs, peintures et dessins au Musée des arts décoratifs, en marge de la grande et intimidante exposition Iris Von Herpen (à voir absolument!). Nous y serons frappés par le coté grand enfant sensible, sorte de bricoleur génial et mélancolique.
Son voyage artistique commença avec un intérêt marqué pour la cire. Il reproduisit plusieurs de ses sculptures dans ce matériau et inventa même un procédé de peinture à l’encaustique. Cette exploration précoce démontrait déjà sa volonté d’innover et son désir d’invention de scènes galantes, évoquant un esprit d’enluminures en relief.
Par la suite, Cros se tourna vers la céramique, produisant des grès qui témoignaient de sa maîtrise des formes et des textures. Son travail dans ce domaine contribua à enrichir le patrimoine artistique de son époque, notamment au travers de sa collaboration avec la Manufacture Nationale de Sèvres.
Mais Cros ne s’arrêta pas là. Il se lança également dans l’exploration de la verrerie, participant activement à la mise au point de la technique de la pâte de verre moderne. Convaincu que cette technique avait été utilisée par les anciens Grecs, il chercha à redécouvrir et à réinventer les secrets perdus de cet art ancestral.
L’œuvre singulière de Cros, dépourvue d’académisme, malgré certaines apparences et relevant plutôt du précurseur de l’Art nouveau, s’inspirait notamment des thèmes de l’Antiquité et du moyen Age européen. Sa créativité sans bornes lui permit de laisser libre cours à son imagination. Princes et princesses, éphèbes et sibylles, toutes et tous errant dans un éther mélancolique et figées dans un temps rêvé, celui qui n’a jamais été, mais qui persiste dans les amés des poètes incorrigibles.
Sa contribution à la Manufacture nationale de Sèvres, célèbre institution française, atteste de son importance dans le monde de l’art. En collaborant avec d’autres artistes et artisans, il contribua à façonner l’avenir de la céramique et de la verrerie.
Parmi ses œuvres les plus remarquables figure un bas-relief représentant l’Apothéose de Victor Hugo, aujourd’hui exposé au Musée Victor-Hugo, place des Vosges, à Paris. Ce chef-d’œuvre témoigne de son talent inégalé pour capturer l’essence même d’une figure emblématique à travers la sculpture.
Enfin, Cros laissa également sa marque à travers des portraits intimes, comme celui de sa nièce, Laure-Thérèse Cros, reine d’Araucanie et de Patagonie, immortalisée dans un médaillon sculpté avec tendresse et délicatesse.
Henry Cros, explorateur de l’art, polymorphe transdisciplinaire fut un visionnaire, au sens étymologique. Il imaginait, dessinait, développait, tâtonnait et petit à petit sa vision prenait forme, dans un relief mouvant et sensible.
Figure méconnue, peintre, sculpteur, céramiste et verrier, admiré par Auguste Rodin et Antoine Bourdelle, ami de Paul Verlaine et d’Édouard Manet, romantique, classique, symboliste, Henry Cros gagne à être connu.
Henry Cros (1840-1907) sculpteur et dessinateur, jusqu’au 26 mai au Musée des arts décoratifs, Paris Exposition-Henry-Cros-sculpteur-et-dessinateur